
- Non, je ne suis pas une idiote sans cerveau!
Juvia sortit en trombe du bureau de son patron, les joues rougies par la colère. Elle n'en revenait pas de ce qu'il venait de lui dire! Elle qui passait sa vie au travail, à satisfaire le moindre de ses besoins, à toujours être disponible, voilà comment il la remerciait! En l'insultant comme une vulgaire chaussette!
Juvia n'était pas du genre rebelle, mais là, ce fut la goutte d'eau! Elle se dirigea d'un pas pressant vers les vestiaires où elle récupéra son sac et son manteau, puis elle partit en trombe du grand bâtiment Fullbuster Entreprise, complètement ire.
Elle appela un taxi, monta dedans et aboya presque au chauffeur son adresse. Elle regarda le paysage défilé par la vitre sale de la petite automobile, essayant de calmer ses nerfs. Le trafic était lourd en ce jour, les touristes grouillaient dans les rues comme des insectes. Elle détestait la ville, elle détestait le bruit, mais elle avait déménagé ici pour rendre heureux son patron, qui avait déplacé le siège de son entreprise à New-York, et en bonne assistante, elle avait quitté sa campagne qu'elle chérissait tant, ses amis, sa famille, sans regarder en arrière, sans hésitation.
Maintenant, humiliée, perdue, sans repère, elle regrettait son choix. Elle se sentait idiote de toujours tout accepter venant de lui. Elle en avait marre d'être si amoureuse de lui qu'elle ne pouvait rien lui refuser. Il fallait bien que cela change!
Le taxi se gara devant un gratte-ciel. Juvia descendit après avoir payé sa course et resta interdite devant son "chez-elle". Elle n'aimait pas cette façade grise, ces fenêtres bien trop brillantes laissant apercevoir l'intérieur des gens, elle n'aimait pas cette grandeur démesurée. Avant, elle vivait dans une charmante maison au crépis blanc, recouverte de lierres et décorée de fleurs odorantes. Son nouveau univers était trop impersonnel, trop "comme tout le monde". Elle avait le mal du pays.
Juvia prit l'ascenseur, et cliqua sur la touche 150. Et oui, elle habitait au 150ème étage. C'était le seul avantage ici. Le matin, lorsque le soleil commençait à se lever, ou le soir, quand il se couchait, elle pouvait admirer la Grande Pomme silencieuse, paisible, endormie, du haut de son piédestale.
Elle louait un petit loft, tout à fait charmant avec ses petites briques rouges, sa baie vitrée comme dans les ateliers de peinture, et son parquet blanc. Elle s'y sentirait bien, si il n'y avait pas tout ce monde autour d'elle, qu'elle entendait en permanence. A New-York, il était impossible d'avoir de l'intimité. Juvia l'avait découvert à ses dépens.
Elle prit sa valise, y déposa le strict nécessaire de vêtements, commanda un billet de train sur internet, et après avoir fermé son appartement à clé, partit vers la gare.
Elle fit tout cela avec un calme olympien, comme déterminée de partir au plus vite. Elle étouffait ici, elle devait partir, s'aérer l'esprit, faire le point sur sa vie.
Le train partit à 14h précise. Il s'ébranla doucement, siffla dans un grondement félin et s'élança à toute vitesse dans le brouillard flou. Juvia ne dit pas un mot du voyage à ses compagnons de compartiment, elle resta mouette et sourde à toute présence extérieure.
A 18h précise, le train arrêta sa course folle. La petite gare dans laquelle il s'était stoppé était étriquée, modeste, rustique. Juvia descendit et regarda autour d'elle, les larmes aux yeux. Elle respira l'air, frais, doux, même dans cet univers de garburant, et se sentit enfin chez elle.
Une voiture l'attendait dans le petit parking. Une voiture bleue, avec de petits pois roses. Une jeune femme était appuyée sur le capot, lisant un livre coloré dont le titre était illisible de là où se tenait Juvia. La femme portait des collants jaunes et noires sous une robe horriblement rose. Ses cheveux étaient ramenés en un palmier chignon, sur lequel était fixé une pince noeuf bleu électrique. Les gens qui passaient la regardaient avec de grands yeux effarés. On ne voyait qu'elle, elle et sa tignasse violette.
Juvia sourit et s'avança lentement, en faisant le compte à rebours dans sa tête.
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- Juviaaaaaa! s'écria-t-elle en relevant brusquement la tête de son bouquin.
- Louise!
Les deux jeunes femmes se prenèrent dans les bras en pleurant, heureuses d'enfin se revoir. Elles ressemblaient à deux soeurs que tout oppose. La seule originalité en Juvia était ses cheveux d'un bleu turquoise.
- Comme tu m'as manqué! pleunicha Louise en serrant son amie fortement.
- Et moi donc!
Après des embrassades joyeuses, elles rentrèrent dans l'abitacle étriquée de la petite voiture et Louise démarra. Le véhicule s'engagea sur une petite route de campagne, et les deux amies chantèrent bruyemment leurs chansons préférés qui passaient à la radio. Juvia rit à gorge dépoyée, son esprit se vida de toute idée noire, et elle profita des premiers instants de sa liberté retrouvée avec bonheur.
Les mois passèrent lentement, dans un calme paisible qui reposa Juvia comme elle en avait besoin. Louise restait presque tous les jours à son côté, et sa famille la choyait telle une petite enfant. L'ancienne secrétaire voyait sa vie se métamorphoser. Elle pensait toujours à Grey, mais cette distance mise entre eux qui s'étirait de plus en plus dans le temps la guérissait de toutes les années passées dans le rejet et l'indifférence perpétuelles d'un patron bien trop exigeant. Juvia rêvait de cesser de l'aimer, mais elle savait qu'il lui faudrait bien plus de temps pour soigner son maux. Elle était tombée amoureuse de son patron de manière brutale, un véritable coup de foudre qui l'avait contrainte à endurer toutes ses sautes d'humeur avec fidélité.
Un jour pourtant, quatre mois après son départ, un évènement vint perturber sa routine rassurante. Juvia s'était levée tôt, avait bu un bon thé et se tenait dans la petite véranda de la maison familiale, regardant avec un sourire les petits merles chanter dans l'arbre fruitier de son jardin. La petite famille merle avait accueilli un nouveau né alors Juvia s'était donnée la peine de construire une maison à oiseau qu'elle avait suspendu à la plus haute branche de l'arbre. Chaque jour, elle y mettait un peu d'eau et des graines de fraisiers afin que les merles n'aient pas à aller trop loin pour ramener de la nourriture à leur bébé. Là, assise confortablement dans son fauteuil oeuf, elle se sentait enfin totalement heureuse.
Une voiture se gara dans l'allée en gravier de la petite maison des Lockser. Juvia ne se donna pas la peine de regarder, ce devait être Louise qui venait tous les matins lui rendre visite. Elle attendit que son amie la rejoigne, mais eut la surprise d'entendre la cloche sonner à l'entrée. Sa mère et son père étant partis au marché, elle était seule. Elle se leva, enfila un peignoir sur sa nuisette, et se rendit à la porte. Avant de l'ouvrir, elle se demanda qui pouvait bien venir chez elle à une heure aussi matinale. Elle eut sa réponse lorsqu'elle découvrit Grey Fullbuster sur son paillasson BIENVENUE, la mine contrariée, fidèle à lui-même. Juvia reçut un tel choc qu'elle referma la porte brusquement et s'adossant à cette dernière, elle plaqua une main sur son coeur qui battait furieusement dans sa poitrine. Cela faisait des mois qu'elle ne l'avait pas vu, des mois. Le voir fut l'effet d'une bombe.
- C'est une blague j'espère?! s'écria Grey derrière la porte. Je n'ai pas fait tout ce trajet pour me faire claquer la porte au nez!
- Je ne veux plus vous voir! répliqua Juvia d'une voix tremblante. Allez-vous en!
- Non, il est en est hors de question! Je dois absolument vous parlez!
- Je n'ouvrirai pas cette porte!
- Et moi je ne partirai pas d'ici tant que vous ne l'aurez pas ouverte!
Juvia s'assit contre le battant de la porte et attendit, le coeur battant, qu'il s'en aille. Sauf qu'il ne partit pas. Elle l'entendit faire les cents pas devant sa porte, ses chaussures de cuires tapant contre la pierre de son vestibule. Elle attendit 20 minutes, 1 heure, mais il ne partit toujours pas. A bout de patience, elle allait partir vers sa chambre mais le cri de Grey l'en empêcha:
- Juvia, ça suffit! Arrêtez de faire l'enfant et ouvrez cette fichue porte!
Une fois de plus, son ancien patron la dénigrait. Du temps s'était écoulé et pourtant, il n'avait pas changer. D'un côté cela rassura Juvia et d'un autre cela l'énerva. Même chez elle, dans sa campagne, dans sa maison, en ayant plus aucun attachement à lui, il arrivait à la faire sentir inférieur, comme une employée face à son patron. Sauf que les temps avaient changé. Ils étaient désormais à arme égale, ils n'étaient plus le patron et l'employée, mais Juvia Lockser et Grey Fullbuster. Il n'avait plus aucun pouvoir sur elle.
Juvia prit son courage à deux mains et ouvrit sa porte dans un grand fracas. Grey qui était assis sur les marches froides se releva rapidement mais fut stopper mais une main qui s'abattit sur sa joue. Eberlué, il frotta sa joue en contemplant Juvia, qui avait tellement changé. Son chignon strict avait été remplacé par de beaux cheveux relâchés qui tombaient en cascade sur ses épaules; son tailleur qui ne laissait rien apercevoir avait été remplacé par une légère nuisette rose en-dessus d'un peignoir blanc immaculé. Elle était tellement belle qu'il resta paralysé sur place. De plus, elle venait de le frapper. Lui.
- Maintenant, vous allez m'écouter! s'écria-t-elle en plaquant un doigt accusateur sur son torse. Je ne suis plus votre employée, je ne suis plus sous vos ordres! Alors vous allez me faire le plaisir de déguerpir, vous et votre saleté d'arrogance, de chez moi et en vitesse!
Grey ne sut pas ce qui lui a pris, mais il plaqua ses lèvres contre celle de son ex-employée. Il était amoureux d'elle depuis tellement longtemps qu'il ne se souvenait même plus du temps où il ne l'était pas. Il s'était montré froid et dur avec elle parce qu'il ne voulait pas qu'elle devine ses sentiments. Toutes les femmes qui l'avaient aimé étaient mortes ou disparus. Il ne voulait pas que cela se reproduise sur Juvia. Pas elle. Lorsqu'elle était partie, quatre mois plus tôt, il s'était senti vide comme une coquille. Sa présence lui manquait terriblement, tout en elle lui manquait. Son air timide, ses pommettes rosées, son rire cristallin, absolument tout. Hier, seul dans son grand bureau, il prit conscience qu'il ne voulait pas la laisser s'échapper. Il l'aimait et il n'accepterait plus de la rejeter.
Le baiser fut tendre, attentionné. Juvia, tellement surprise, s'abandonna complètement dans les bras de Grey. Elle n'en croyait pas ses yeux, c'était un rêve éveillé. Tous les sentiments qu'elle avait voulu taire ressortirent en vague et l'emporta, cordialement. Puis, elle se rappela toutes les années de rejet, de douleur, de tristesse, elle se rappela ses critiques incessantes, ses mots durs, son regard froid et toute l'humiliation revint d'un coup. Elle tomba de son rêve avec brutalité. Juvia plaqua ses deux mains sur le torse de son ex-patron et le repoussa avec toute la force qu'elle possédait. Grey fut surpris, encore plus lorsque la bleutée lui remit une claque, les cheveux complètement en bataille et le regard perdu.
- C'est une manie chez vous de frapper les gens? demanda-t-il avec agacement en frottant sa joue endolorie.
- C'est une manie chez vous d'embrasser les gens sans leur consentement? répliqua-t-elle d'une voix rauque, encore toute retournée du baiser qu'ils venaient d'échanger.
- Quand c'est une personne que j'aime, oui, répondit Grey avec un ton sérieux et un regard intense.
Juvia crut recevoir un coup de poing dans le ventre. Elle resta bête devant ses mots qu'il venait de lui balancer avec un calme déstabilisant. Son coeur explosa d'euphorie et de stupéfaction. Elle ne pouvait croire ce qu'il venait de lui dire. C'était bien trop beau pour être vrai.
- Je... vous... nous... ce n'est pas... possible...
- Ah vous faites moins la sauvageonne là! répliqua Grey en souriant d'un air moqueur.
Juvia devint rouge comme une pivoine. Elle était tellement déstabilisée par cette situation improbable qu'elle ne savait comment réagir.
- Je meurs d'envie de vous embrasser Juvia.
Le coeur de la jeune femme fit un bond. Tout son corps tremblait de désir et de joie. L'homme dont elle était amoureuse voulait l'embrasser! L'homme froid, distant, son ancien patron despotique.
- Alors faites-le.
Grey sourit, s'avança doucement, mit ses mains chaudes sur les joues de Juvia, et l'embrassa tendrement, langoureusement, lentement. C'était doux et sauvage à la fois. Un mélange explosif qui retourna Juvia dans tous les sens du terme. Elle se sentait plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été. Il lui sembla que de petites ailes blanches lui poussaient dans le dos, comme un ange ayant atteint enfin le paradis. Ils se décollèrent pour reprendre leur souffle et Grey en profita pour lui chuchoter sa déclaration à l'oreille. Il lui dit des mots tendres, qui touchèrent Juvia jusqu'au plus profond de son être.
Ils n'étaient plus patron et employée, mais amants. Ils étaient heureux de s'être retrouvés après tant de temps à s'être manqués.
Oublié fut le temps où Juvia ne voulait plus le voir et où Grey voulait la rejeter pour la protéger.
Oublié fut les pleurs et la tristesse.
Leur réconciliation fut brève, à l'image de leur grand amour.
Et... le basique... ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
Laptitelouloute, Posté le samedi 29 octobre 2016 08:14
Maki-loveFairyTail a écrit : " "
Ahaha mercii beaucoup!! ♥