
Edolas est un monde dépourvu de magie, un monde prospère et paisible.
Depuis que Mistgun a pris le pouvoir, nous vivons en paix. Le meilleur dans tout cela, c'est que notre bon roi a réautorisé les guildes et Fairy Tail est désormais la guilde la plus connue et appréciée d'Edolas. Nous recevons chaque jour de nouvelles recrues, de nouveaux camarades et c'est que du bonheur de voir notre famille s'agrandire. Nous déplorons la perte de Lisanna et malgré le fait qu'ils ne disent rien, je sais que Mirajane et Elfmann sont anéantis d'avoir perdu leur soeur une seconde fois. Je prie de tout coeur pour que Lisanna soit heureuse avec les siens.
Beaucoup de choses ont changé. Juvia se montre bien plus gentille avec Grey depuis qu'elle s'est rendue compte qu'il n'était pas aussi débile et faible qu'elle le pensait, Elfamm se sent mieux et s'affirme plus, Réby et moi avons enterré en quelques sortes la hâche de guerre et Cana commence à consommer de l'alcool et a participer à la fête avec nous. Mais celui qui a le plus changé, c'est Natsu. Il n'est plus le même qu'avant sa rencontre avec le Natsu d'Earthland. Il ne bafouille plus, il ne tremble plus, il a pris de l'assurance et de la force. Lui qui se désintéressait des combats, s'entraîne maintenant plus de deux heures par jour pour se muscler (même s'il n'en a pas besoin) et apprendre à se battre. Il n'a pas perdu sa passion pour les véhicules, et s'est lancé dans un projet de réalisation d'un prototype d'automobile qui marcherait sans magie. Toute la guilde le soutient et trouve que c'est une bonne initiative de croire en un nouveau départ. Il est épanoui, s'exprime haut et fort et je ne sais pas pourquoi, ça me dérange. Je devrais être contente pour lui, mais je n'aime pas le voir aussi confiant et téméraire. Je n'aurais jamais pensé cela mais ses petites rougeurs sur ses joues me manquent, son petit bafouillement me manque et sa timidité me manque. J'aimais le regarder frêle au milieu de ses camarades, une personne discrète mais pourtant lumineuse. J'aimais lorsqu'il me regardait avec hésitation, parce qu'il n'osait pas me contredire et me regarder dans le blanc des yeux. En réalité, j'aimais être la personne qu'il admirait et qui le protégeait.
Maintenant qu'il est fort, maintenant qu'il sait se battre, j'ai l'impression d'être inutile dans sa vie et ça me frustre. Je veux qu'il redevienne comme avant et qu'il vienne se cacher derrière moi dès qu'une chose lui fait peur. Je veux retrouver mon Natsu et pas la copie conforme de celui d'Earthland.
- Lucy, ça te dérangerait de m'accompagner en ville, il faut que j'aille chercher de la féraille pour mon prototype de bolide!
Je me retourne, blasée. Notre guilde n'est pas vraiment située en plein centre ville. Notre QG se trouve dans la forêt Ouest de la ville-centre. Au moins, nous sommes au calme et nous pouvons agir avec objectivité. Des guildes se sont formées en pleine ville et nous voyons le résultat: débordées par les demandes de reconstruction, assiégées par des hommes qui veulent boire et foutre le bordel, vandalisées par des petits voyous sans vergogne! Peut-être que la disparition de la magie a calmé et apaisé plus de la majorité de la population, il reste tout de même des personnes qui n'arrivent toujours pas à se réjouir à ce renouveau qui nous est accordé. Au moins, Fairy Tail n'est pas coincée dans ce bordel et peut agir rapidement parce que nous sommes quand même à proximité de la ville. Bref, cette parenthèse fermée, revenons au présent!
Natsu se tient devant moi, droit et confiant. En temps normal, il n'aurait même pas osé venir me demander de lui passer une clé à molette, alors venir me voir pour me demander de venir avec lui, ça jamais! Je ne le reconnais pas. Il porte un débardeur violet qui laisse apparaître ses muscles à la lumière du jour et un jean noir qui lui moule les fesses. Je n'avais jamais vu Natsu aussi sexy! De petites ( que dis-je: d'énormes) rougeurs apparaissent sur mes joues. S'il commence à me faire craquer comme cela, ça ne va pas le faire!
- Euh... non, je... enfin oui je veux bien venir... bégayai-je minablement.
Natsu me décoche un grand sourire lumineux et me remercie. Non mais qu'est-ce qu'il m'arrive?! Moi, j'ai bégayé devant Natsu!!! C'est le monde à l'envers!
- Allez Lucy, en route! s'exclame-t-il en se dirigeant vers la sortie sans même regarder si je le suis ou pas.
Je n'y crois pas! Il faut à tout prix que je me reprenne, parce que le timide entre nous deux ce n'est pas censé être moi! Je respire un grand coup et lui emboîte le pas. Nous sortons de la guilde, la lumière aveuglante du soleil me fait mal aux yeux. Il fait une chaleur insoutenable car nous sommes en été et je ne supporte pas la chaleur! Cette journée est décidément bien pourrie. Nous empruntons le petit sentier forestier qui nous mène tout droit à la ville. Nous avons vingt minutes de trajet à faire et l'ombre des arbres me fait le plus grand bien. Je suis au frais, je suis avec Natsu, que demande le peuple après tout?
- Alors ton projet, ça avance? demandai-je en souriant.
Le visage de Natsu s'éclaire à l'évocation de son projet.
- Oh oui, tu peux pas savoir comme je suis content! J'ai créer un système d'engrenages qui pourrait faire fonctionner les roues, et il faut encore que je réfléchisse à la réalisation d'un moteur à énergie naturelle pour que le fameux système puisse marcher! Si j'arrive à développer mon idée, je pense qu'Edolas sera bientôt rempli de voitures rouges qui roulent à cent à l'heure sur nos belles routes de désert! C'est mon rêve Lucy et je compte bien le réaliser!
Il a l'air si heureux, si épanoui. Son projet lui tient vraiment à coeur et je n'ai jamais vu Natsu aussi emballé par quelque chose. Les seules fois où il était heureux, et c'est toujours le cas, c'était quand il était dans une voiture et maintenant c'est pour son projet d'automobile. Je suis contente pour lui, j'aime le voir investi, mais ça me fait du mal de me dire que la seule chose qui pourra le rendre heureux, c'est une voiture. Il n'y a pas de places pour moi dans sa vie et dans son bonheur. Il tient plus à ses bolides qu'à moi, son amie depuis toujours. Mon visage se crispe malgré moi et Natsu le remarque. Son sourire s'efface et un air inquiet vient le remplacer.
- Il y a un truc qui ne va pas Lucy? Mon projet t'ennuie? Je suis désolé, j'arrête d'en parler. dit-il d'une voix toute triste.
- Non! m'exclamai-je. Tout va bien, c'est juste que j'ai un peu chaud et tu sais bien que je supporte très mal la chaleur. continuai-je en rigolant nerveusement.
- Tu es sûre? demande-t-il avec un air soucieux.
- Oui, oui, continue, je t'écoute.
Le sourire de Natsu réapparait et mon cas ne le préoccupe plus. Tout le reste du trajet, il me parle de ses créations, de ses idées, de ce qu'il compte faire. Je l'écoute, bien sûr, mais que d'une oreille. J'aurais aimé qu'il insiste plus, j'aurais aimé qu'il voit la tristesse dans mes yeux et qu'il ne se laisse pas berner par mes fausses paroles. Il faut se rendre à l'évidence, Natsu ne s'intéresse pas plus à moi qu'à sa dernière chaussette.
Nous arrivons en ville et nous dirigeons vers le marchand de fer. Il est débordé en ce moment, parce que chaque personne veut reconstruire sa maison de ses propres mains et participer à la création de leur nouveau monde. Tout le monde est solidaire, des hommes viennent aider des femmes en détresse, des femmes viennent apporter des provisions aux hommes, même les enfants mettent leur pierre à l'édifice dans cette reconstruction de masse. Ils posent la dernière petite pierre sur un mur, ils aident à repeindre les bâtiments publics et voir leurs visages rayonnants de fierté après avoir accompli une petite tâche est le plus beau cadeau que l'on puisse offrir.
Nous entrons dans la petite rue où se trouve le magasin et voyons une vieille femme qui peine à débarasser les débris dans les décombres de sa maison. Elle a l'air d'être toute seule et son dos voûté par l'âge ne l'aide pas beaucoup. Il nous suffit d'un regard entre Natsu et moi pour courir vers elle et l'aider.
- Attendez Madame, laissez-nous vous aidez, vous allez vous faire mal. lui dit Natsu en lui prenant son fardeau.
La petite femme regarde Natsu comme s'il était un dieu. Elle lui prend la main dans la sienne et déclare avec émotion:
- Oh merci jeune homme de venir m'aider, je n'arriverai jamais à reconstruire ma maison seule!
Sa détresse me touche beaucoup. Je devine qu'elle est veuve et qu'elle ne doit sûrement pas avoir d'enfants. Cette vieille femme est seule et il est hors de question de partir sans l'aider.
- On va vous aider, ne vous inquiétez pas! m'exclamai-je joyeusement.
Elle me regarde comme si elle venait juste de se rendre compte que j'existais. Son visage s'illumine subitement et elle secoue la main de Natsu avec entrain.
- Oh mais vous n'êtes pas seul, jeune homme! Vous avez une magnifique épouse!
Je rougis violemment et me mets à bégayer comme une enfant. Cette dame vient de me mettre dans une situation d'embarras extrême! Nul doute qu'avec son nouveau comportement, Natsu va lui rire au nez et ça va me briser le coeur! Seulement, lorsque je me tourne vers lui, ses cheveux roses cachent ses yeux et son visage est si rouge que l'on dirait qu'il s'apprête à faire une apoplexie! J'écarquille les yeux, car je retrouve enfin l'ancien Natsu, le timide et rougissant Natsu! Mon coeur cogne rapidement dans ma poitrine, j'ai envie de lui sauter dans les bras sauf que maintenant ce n'est plus possible, alors je me contente d'esquisser un petit sourire. J'allais répondre à la vieille femme qui nous regarde avec incompréhension mais Natsu me coupe avant:
- Lucy est magnifique mais elle n'est pas mon épouse! répond-t-il en se remettant à sourire. Nous sommes de très bon amis, rien de plus.
Je crois que je vais mourir.
- Oh! excusez-moi, je suis de nature très romantique alors dès que je vois de beaux et aimables jeunes gens, je ne peux empêcher mon esprit de s'emballer!
Natsu rigole et lui affirme que ce n'est rien mais elle continue de son confondre en excuses. Ils se remettent alors au travail dans ce joyeux vacarme, Natsu sort les débris des décombres et notre nouvelle amie lui indique où placer chaque objet qu'il découvre. Je sais que je devrais les aider mais les paroles de mon "ami" m'ont fait un coup. " Nous sommes de très bons amis, rien de plus", c'est bien ce que je pensais, je suis destinée à être la gentille copine, je ne serais jamais celle que je voudrais être dans le coeur de Natsu. Je ne pourrais jamais le rendre heureux, je ne pourrais jamais faire partie de sa vie comme j'en ai envie, il faut que je me rende à l'évidence, Natsu ne m'aime pas. Il serait temps pour moi de l'oublier, et vite.
- Lucy, reste pas plantée là, viens nous aider! me hèle Natsu avec une grand sourire, comme si de rien n'était.
Je lève les yeux de mes chaussures mais je n'arrive pas à le regarder en face. Pas après ce choc, pas après m'être pris un râteau sans n'avoir rien demandé. Alors je regarde lassement la maison détruire et je tombe dans le regard de la vielle dame. Je vois dans ses yeux la compassion et la compréhension, je vois qu'elle a compris et je vois qu'elle s'en veut de m'avoir fait souffrir involontairement. Elle me regarde avec tellement de bienveillance que j'ai soudain envie de fondre en larmes, seulement ce n'est pas le moment de s'apitoyer sur mon sort. La nuit va tomber dans exactement quatre heures, il faut qu'on ait fini de désencombrer la maison afin que notre amie puisse faire appel à des gens compétants pour la lui reconstruire. Je me gifle mentalement et souris puis file dans les décombres auprès de Natsu pour me mettre au travail. La chaleur est écrasante, nous transpirons comme des bêtes et nous manquons cruellement d'eau.
- Dites, c'est quoi votre prénon Madame? demande soudain Natsu.
- Je m'appelle Lucette Agrio et vous?
- Moi c'est Natsu Fireball et elle, c'est Lucy Ashley.
- Je vais aller vous chercher de quoi boire, ou vous allez me faire une déshydratation!
Sur cela, elle part rapidement en quête d'eau. Natsu et moi sommes maintenant seuls et j'ai beau faire ce que je veux, je n'arrive pas à le regarder dans les yeux et je n'arrive pas à lui parler. Il y a entre nous une tension palpable qui me met affreusement mal à l'aise. Le débardeur collant de Natsu est absolument trempé, alors il l'enlève. Je pique un gros fard, parce que je ne vois pas mon camarade torse nu tous les jours et il est magnifique comme ça! Je ne peux pas m'empêcher de le dévisager, je ne peux pas détacher mes yeux de sa musculature divine. Il est tellement beau... tellement beau que, perdue dans mes rêves, je n'ai pas vu qu'il a tourné la tête vers moi et qu'il me regarde. Un sourire carnassier apparait sur ses lèvres et il s'avance doucement vers moi. Je regarde ses muscles bandés par l'effort. Je suis incapable de détourner les yeux, de regarder autre part, de penser à autre chose. Une tendre chaleur m'enveloppe, j'ai l'impression que je n'ai plus aucun contrôle sur mon corps, je suis complètement envoûtée par le spectacle qui se déroule devant moi. Natsu dégage un charme tellement puissant!
Il est maintenant si près, qu'il suffirait que je m'avance de quelques centimètres pour que je sois totalement collée contre lui. Je prends conscience de la situation. Je le matte sans aucune discrétion et il l'a remarqué. Que pense-t-il de moi? Il doit sûrement se dire que je suis étrange et perverse!
- Tu apprécies le spectacle? demande-t-il d'une voix sensuelle que je ne lui connais pas.
Je sens comme une tension électrique entre nous, pas le genre de tension colérique, mais plus une tension sexuelle. C'est un sentiment extrêmement gênant et bizarre. Je suis attirée par sa peau comme du métal à son aimant. Je n'arrive pas à parler, je suis trop troublée pour sortir des paroles intelligentes et censées. Je n'ose pas le regarder dans les yeux, je reste bloquée sur son torse. Natsu prend mon menton entre ses doigts chauds et force mon regard à rencontrer le sien. Je crois qu'il aurait mieux valu que je reste sur son torse, parce que ses prunelles vertes provoquent en moi un brasier ardent! Nous sommes le soir, en plein coucher de soleil, et les yeux de Natsu paraissent briller sous les rayons de l'astre roi. Je suis tellement bouleversée par ce spectacle que sans m'en rendre compte, je rapproche mes lèvres des siennes. Le silence qui pèse entre nous est "érotique", j'ai tellement envie qu'il m'embrasse sauvagement, là tout de suite! Natsu ricane avec un sourire en coin tout à fait sexy, puis bloque mon avancée en prenant mes épaules en otage. Je reviens brusquement à la réalité et la proximité de nos deux corps me perturbent.
- Répond à ma question Lucy. quémande Natsu.
Je bégaye pitoyablement en me maudissant. C'est moi qui suis confiante normalement, ce n'est pas lui! Il ne va pas m'humilier comme cela, sans que je réagisse?!
- Qui n'apprécierait pas, Natsu? répliquai-je en essayant d'être le plus provoquante possible.
Mes paroles ont l'air de le secouer, puisqu'il rougit tellement fort qu'il est difficile pour moi de ne pas rire. Il ne s'attendait pas à une telle sincérité de ma part, car depuis qu'il a de l'assurance, moi je la perds.
- Tu as perdu ta langue? demandai-je en le taquinant.
Natsu sourit grandement et m'enlace en réponse à ma question. Son corps presque nu pressé contre le mien me fait l'effet d'une bombe dans l'estomac. Il finira par me rendre complétement folle!
- Tu es tellement confiant depuis que la magie a disparu. murmurai-je à son oreille. C'est déstabilisant.
- Déstabilisant mais appréciable, non?
- Je ne sais pas vraiment... J'aimais bien le Natsu timide, parce que je pouvais te protéger et...
- Me martyriser. finit Natsu à ma place en gloussant doucement.
Je me détache de lui en lui infligeant une petite tape sur le bras en poussant un "hé" d'indignation.
- Non Natsu, dis-je en riant, j'aimais bien quand tu te cachais derrière moi quand tu avais peur, j'aimais bien quand tu me regardais avec un mélange d'admiration et de crainte. J'avais l'impression d'avoir une place dans ta vie, d'être ta protectrice en quelque sorte. Alors que maintenant que tu as du courage et de l'assurance, je me sens inutile.
Natsu perd son air joyeux pour le remplacer par un air sérieux. Apparemment, même si je n'y tenais pas particulièrement, nous allons avoir une discussion sérieuse, là maintenant. Je me rends compte que je viens d'avouer à Natsu mes sentiments, et sens la honte monter en moi. Mon camarade plante son regard dans le mien. Conversation entre quatre yeux, comme on dit.
- Tu as l'impression de te sentir inutile? demande-t-il avec incompréhension. Je ne comprends pas...
- Oublie ce que je viens de dire... c'est sans importance... bégayai-je en lui tournant le dos pour me remettre au travail.
L'intensité de ses prunelles vertes était trop forte.
Sauf que Natsu n'a pas l'air d'accord. Il m'agrippe le bras et me retourne. Je suis prisonnière et prise en étaux par ses yeux, une fois de plus.
- Lucy, est-ce qu'on peut parler sérieusement, pour une fois?
- Très bien, répondis-je en inspirant une bonne bouffée d'air.
Il faut que je m'arme de toute ma détermination.
- Explique-moi ce qui ne va pas. Cela me tiens à c½ur de savoir ce que tu penses de moi...
- Ah oui? m'exclamai-je soudainement, piquée à vifs. Cela te tiens à c½ur? Parce que j'avais plutôt l'impression d'être transparente à tes yeux depuis quelque temps! Tu ne te rends même pas compte à quel point tu as changé. Tu es comme le Natsu d'Earthland, en encore plus assurant si c'est possible. Cela me déstabilise et m'effraie parce que j'ai l'impression de perdre le Natsu que j'ai toujours connu, mon Natsu. Tu ne t'intéresses plus qu'à ton projet, et parfois je me dis que tu préfère ton prototype de voiture à moi!
Voilà, c'est dit. Je suis essoufflée, je tremble et mon c½ur bat follement dans ma poitrine. Natsu me regarde, avec un air impassible sur le visage. Je n'arrive pas à savoir s'il est énervé, étonné, ou tout simplement indifférent à ce que je viens de lui avouer. Puis soudain, comme s'il avait buggué, son visage s'éclaire d'une lueur d'indignation totale!
- Quoi?! Mais comment tu peux dire ça?
- Tu ne parles plus Natsu. Tu ne me regardes plus. Tu t'en rends même pas compte putain!
- Tu comprends vraiment rien! Si je fais tout ça, si je fais tous ces efforts, c'est pour toi! Pour que tu sois fière de moi, pour que tu ne me voies plus comme la petite chose fragile. Je suis un homme Lucy, tu peux pas t'imaginer comme c'est humiliant de se sentir faible face à la personne que l'on...
Il s'arrête brusquement et prend une teinte cramoisi. Je sens mon c½ur sauter dans ma poitrine. Voilà ce que j'attendais depuis tellement longtemps. Qu'il se livre à moi, qu'il redevienne l'être sensible d'autrefois.
- Que l'on quoi, Natsu? demandai-je avec espoir.
- Que l'on... que l'on... apprécie beaucoup.
Mes espoirs se brisent en mille morceaux. Quel crétin bordel!
- Tu n'es qu'un idiot! Un putain d'idiot!
- Qu'est-ce que j'ai encore fait!
- T'as pas les couilles de m'avouer tes véritables sentiments et tu te proclames homme? Ne me fais pas rire! Tu me fais souffrir pendant des semaines pour ta stupide fierté? Je m'en contrefiche de savoir que tu es fort! Tout ce que je veux, c'est toi, parce que je t'aime bordel! C'est toi qui ne comprends rien!
J'ai hurlé à pleins poumons, en plein centre-ville. C'est génial. Et en plus, je viens de lui dire que je l'aime. C'est fantastique.
Je rougis violemment, essoufflée d'avoir autant crié. Natsu se tient immobile comme un roc devant moi. Ses yeux sont cachés par ses cheveux, alors je n'arrive pas à déchiffrer son expression. Je tremble comme une feuille. J'ai beau parler de courage, je suis complètement terrorisée là! Au bout d'interminables secondes, Natsu réagit. Il penche son bras vers moi. Je recule instinctivement, mais il est plus rapide. Son corps entier m'enveloppe. Ses lèvres capturent sauvagement les miennes. Je suis si surprise, que je ne réponds pas. Seulement, quand je sens sa langue franchir la barrière de mes lèvres, je prends conscience de ce qu'il m'arrive. Le feu s'attise et me dévore entièrement. J'entoure son cou de mes bras et l'embrasse fougueusement. Notre échange est bestial, mais aussi doux. C'est un contraste si déstabilisant, mais tellement grisant! Je reconnais dans ce baiser la douceur du Natsu d'avant et la fougue du Natsu de maintenant. Je me rends compte alors qu'il n'a pas changé. Il est toujours le même, sauf qu'il a réussi à libérer une partie cachée de sa personnalité. Il n'attendait que le déclic pour devenir l'homme qu'il est réellement et je ne m'en suis pas aperçue. Je lui caresse les cheveux, le torse. Il presse ses mains contre mes hanches, sans jamais relâcher mes lèvres. Je gémis discrètement en sentant son bassin se presser contre le mien. Notre baiser prend une autre tournure lorsqu'il est interrompu par un raclement de gorge. Nous nous détachons brusquement l'un de l'autre, essoufflés et retournés par notre échange si fougueux. Lucette nous regarde tendrement, devant les décombres de la maison, pleins de petites bouteilles d'eau dans les bras. Je me rends compte de la scène à laquelle elle a assisté et je me rends aussi compte de ce que nous venons de faire. Je deviens rouge comme une tomate et essaye de me cacher derrière mes cheveux et c'est alors que j'entends le rire de Natsu. Je me tourne vers lui, les yeux écarquillés et le découvre pris d'une crise d'hilarité incontrôlable.
- Qu'est-ce qui te fait rire crétin?! Tu te moques de moi?
Et là, il fait ce à quoi je m'attendais le moins, il m'agrippe par les hanches et me plaque contre lui et sert un sourire énorme à Lucette.
- Je vous présente officiellement la plus belle fiancée du monde, ma fiancée, Lucy !
Lucette se met à applaudir en poussant de petits cris de joie. Nous attirons l'attention, des gens commencent à s'attrouper autour de nous, à applaudir, à siffler et moi je suis là, dans les bras de Natsu qui rie à gorge déployée, une mine épanouie sur le visage. Je n'y crois pas. Ce moment est bien trop beau pour être réel. Je crois mourir de bonheur.
****
Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais je vais devenir Maman.
Je me regarde dans la glace, plaçant doucement les mains sur mon ventre arrondi. Je sens de petits mouvements à l'intérieur de moi, une petite vie qui grandit et qui s'épanouit. Je vais rajouter un maillon à la chaîne de l'humanité, et ça me paraît énorme et dérisoire en même temps. J'espère que ce bébé que je chérie déjà de tout mon coeur aura les cheveux roses de mon Natsu.
- Comment voudras-tu l'appeler ma chérie?
Je me tourne vers mon mari, qui se tient dans l'encadrement de notre porte, me regardant avec des yeux tendres. Je souris et dis:
- Lucette bien-sûr.
Notre ange gardien est partie au ciel il n'y a pas longtemps. Elle qui voulait tant voir notre bébé avant de mourir, elle pourra au moins vivre à travers elle. Et oui, j'attends une petite fille.
Ma vie ne ressemble pas du tout à ce quoi j'avais imaginé, mais elle est tellement plus belle que tous mes rêves que je ne pourrais désirer mieux.
J'ai mon Natsu, ma Lucette, et ma guilde.
Que demande le peuple?